Vous n’êtes ni sauveteur ni pompier, et nous ne sommes pas en train de vous dire que vous pourriez vous passer du SAMU. mais si vous suivez les conseils du dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste, vous serez en position d’assurer face aux accidents les plus banals de l’été.
Le bord de mer n’est pas cette paisible étendue de sable chaud, bercée par les vagues, que vous croyez distinguer à travers la buée fraîche d’un verre de Kronenbourg. Courants pervers, ultraviolets vicieux, bestioles diverses : la plage est une source inépuisable de drames menaçant la vacancière innocente. Le secouriste musclé l’a bien compris. Ne lui laissez pas toute la gloire : lisez, apprenez, et taillez-vous une vraie place au soleil.
L’ATTAQUE DE MÉDUSE
Ses longs tentacules transparents sont difficiles à éviter sous l’eau. Il suffit de les frôler pour ressortir avec une longue marque, très douloureuse, en forme de coup de fouet. Même mort sur le sable, cet amas de gélatine est encore venimeux pendant plusieurs jours.
LA MAUVAISE IDÉE
Proposer votre bouteille d’eau, pour rincer la brûlure en grattant délicatement les restes de tentacules.
À FAIRE
« Les débris de méduse laissés sur la peau contiennent des vésicules de venin qui ne se sont pas ouvertes. Si vous frottez ou que vous passez la piqûre sous l’eau douce, vous les ferez éclater. Il faut rincer à l’eau de mer. Utilisez une pince à épiler pour retirer les morceaux de tentacules, ou déposez un emplâtre de sable que vous ferez tomber doucement avec une carte de crédit. Il ne faut surtout pas toucher ou gratter. Proposez du paracétamol contre la douleur, ou une crème antihistaminique qui diminuera l’inflammation. En cas de rougeurs et de gonflements importants, ou si la piqûre s’aggrave au bout de quelques jours, il faut consulter immédiatement. »
L’INSOLATION
Quand le corps ne parvient plus à réguler sa température en transpirant, c’est le coup de chaleur. Voiture restée au soleil, longue exposition aux heures chaudes, séance de sport intensive sous le cagnard… Les insolations sont assez fréquentes, et elles se traduisent en général par des nausées ou des vomissements, et des maux de tête.
LA MAUVAISE IDÉE
Un bon jet d’eau froide, une bouteille d’eau glacée…
À FAIRE « Vous devez amener la personne à l’ombre, lui faire boire de l’eau en petites quantités, et la rafraîchir avec des compresses mouillées. Ne l’aspergez pas et ne lui faites pas boire de l’eau très froide, car elle risque un choc thermique.
La chaleur dilate les vaisseaux. Refroidir trop rapidement le corps les referme d’un coup, et le débit cardiaque varie brutalement. C’est le principe de l’hydrocution. Un petit coup de chaud ne nécessite pas de contacter le médecin. Par contre, si la personne semble très mal, qu’elle a des troubles de la conscience ou que sa température atteint les 40°C, il faut appeler les secours. »
LA NOYADE
Quand une jeune surfeuse est attrapée par une grosse vague, qu’elle mange le sable, se fait arracher son bikini et boit la tasse, mais qu’elle ressort de l’eau presque dignement, on parle d’aquastress. Techniquement, c’est le premier stade de la noyade. Le seul qui ne nécessite pas d’appeler immédiatement une colonie de sauveteurs.
LA MAUVAISE IDÉE
Jouer les héros, quand la situation est sérieuse. Vous précipiter dans les vagues et les courants, et commettre précisément la même erreur que la victime que vous aimeriez sauver. Une personne qui se noie a une force décuplée. Si vous parvenez jusqu’à elle, elle aura tôt fait de vous entraîner sous l’eau.
À FAIRE
« Si vous voyez quelqu’un en train de se noyer, il faut donner l’alerte. Si la personne parvient à sortir de l’eau, mais qu’elle tousse et qu’elle semble avoir du mal à respirer, appelez le 15. Une inhalation importante d’eau dans les poumons peut entraîner un œdème secondaire. Mais si elle respire normalement, commandez un cocktail bien tassé au bar de la plage. »
LES PIQUANTS D’OURSINS
Les cailloux et les zones rocheuses, par exemple les digues à l’entrée des ports, sont le paradis de ces créatures. Quand le pied se pose dessus, les piquants s’enfoncent dans la peau et se brisent. Et ça fait mal, même si l’oursin n’est pas venimeux sous nos latitudes.
LA MAUVAISE IDÉE
Charcuter un peu la zone, histoire d’aller chercher les piquants réfractaires.
À FAIRE « La pince à épiler est vraiment l’outil indispensable sur la plage… Utilisez-la pour retirer délicatement les piquants visibles, comme vous le feriez pour le dard d’une abeille. Attention, parce qu’ils sont fragiles et se cassent facilement. Les oursins sont porteurs de germes, donc vous devez soigneusement désinfecter la zone.
Il reste souvent des morceaux de piquants, que le corps doit pouvoir éliminer tout seul, mais qu’il faut surveiller. Appelez le médecin si la piqûre semble gonfler ou s’infecter, et si des douleurs articulaires se font sentir à cet endroit. »
LA PIQÛRE DE VIVE
Cette petite vipère du littoral, qui ne mesure pas plus de 10 à 15 cm, est foncièrement fourbe. Elle se cache dans le sable, le long du rivage, là où l’eau est la plus chaude. Lorsqu’un orteil tente de l’aplatir, elle dégaine son épine dorsale et injecte à la victime un venin très douloureux. La peau peut devenir rouge et enflée.
LA MAUVAISE IDÉE
Extirper le venin en l’aspirant avec la bouche (l’option la plus héroïque), en faisant saigner, ou avec une pompe à venin.
À FAIRE
« Le venin est thermolabile : la chaleur peut le neutraliser. Je suis un peu méfiant avec les techniques de grand-mère qui consistent à approcher un briquet ou une cigarette de la piqûre. La victime peut facilement se retrouver brûlée. Mieux vaut appliquer du sable chaud, ou mettre le pied dans l’eau chaude pendant une vingtaine de minutes. »
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