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Ils vont là où personne d’autre ne peut aller. Eux, ce sont les cordistes, ces hommes et femmes capables d’intervenir pour tous types de travaux dans les zones les plus inaccessibles. Un métier physique, technique, rigoureux et en plein développement qui attire des profils de grimpeur, spéléologues et autres sportifs. Et qui a, depuis six ans, le même champion de France, Antoine Quidoz. Rencontre
Sur la corde raide
Sur les falaises pour poser des filets de sécurité, ce sont eux. Sur les façades des buildings pour des travaux d’entretien, ce sont encore eux. Leur credo: les travaux d’accès difficile. Leur « famille »: plus de 8 000 professionnels en France, regroupés dans 800 entreprises spécialisées. Leur évènement annuel: le championnat de France des cordistes, où sont décernés un titre en individuel et un titre en équipe pour les entreprises. Pour sa 9ème édition, c’était dans les vastes locaux de la Cité des Arts de la Rue, à Marseille, que 84 cordistes s’étaient donné rendez-vous fin mai pour une compétition très aérienne et spectaculaire, avec pour tous un seul rêve: détrôner le « Roi » Quidoz, vainqueur des six dernières éditions.
Être l’homme à battre, ce doit être dur à porter. Qu’est-ce qui fait ta force ?
« Ma force, c’est que je faisais de la spéléo depuis longtemps avant de devenir cordiste, avec plus de dix ans d’expérience en déplacement sur corde. Donc au total, ça fait presque dix-huit ans que je pratique la corde. »
Quel est ton domaine de prédilection ?
Ce sont les falaises, pour la sécurisation, de la purge, du minage, de la pose de filets et d’écrans pare-blocs, plutôt en milieu de montagne et en contre-haut des routes.
Tu as un physique très sec. C’est une qualité nécessaire pour être un bon cordiste ?
Je fais 70kg pour 1m80 et, oui, je suis sec. Peut-être même trop sec, je n’ai pas de réserves. (Rires). Être en bonne forme physique est une qualité nécessaire, oui, mais il faut surtout être motivé, et aussi vigilant, capable d’anticiper. C’est un tout.
Pratiques-tu des sports hors de ton travail ? Vas-tu à la salle ?
Je fais un peu de ski de rando et de VTT, en loisirs, mais je ne vais jamais à la salle, le métier est suffisamment physique. Par contre j’essaye de faire de plus en plus d’étirements de récupération et de mise en chauffe.
Quelle est la recette pour devenir champion de France ?
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Il faut surtout éviter de reproduire les petites erreurs éliminatoires, celles que l’on fait inévitablement lorsqu’on est sur le terrain? Après, ça se joue à pas grand-chose, une poignée de secondes, quelques grammes d’eau perdus sur l’épreuve de porté de seau d’eau… Il y a une part de chance, forcément.
Et la chance a une nouvelle fois été du côté d’Antoine Quidoz, qui a décroché son septième titre consécutif, devant le « Poulidor » des cordistes, Ivan Muscat, encore une fois second, comme en 2017 et 2018.
Une compétition de haut vol
Il y a peu de chances que vous connaissiez les règles du championnat de France des cordistes, alors on vous les explique.
Qu’est-ce que c’est ?
Les épreuves proposent des défis proches des techniques appliquées en chantier, dans des situations de travail sur bâtiments, en industrie, sur falaises pour sécuriser les routes, sécuriser les ouvrages d’art…
Qu’est-ce qui est jugé ?
Chronométré sur des missions précises, comme le transport d’un seau rempli d’eau sur un parcours aérien parsemé d’obstacles en perdant le moins de liquide possible, chaque concurrent doit savamment doser vitesse, précision, finesse et force, sous le regard de 16 jurés experts de la profession qui observent chaque geste, et évaluent et vérifient que toutes les règles de sécurité sont respectées.