Confession d’une ex escort-girl – Coach Magazine France

0
213

© iStock

Tracy Quan est née aux Etats-Unis, mais a grandi à Ottawa, au Canada. Elle s’enfuie de chez elle à 14 ans et commence à gagner sa vie comme prostituée, travaillant d’abord dans une agence d’escort girls, puis dans une maison de passe avant de devenir une call-girl indépendante et porte-parole des prostituées de New York, militant pour la dépénalisation de la prostitution aux Etats-Unis. Elle se consacre désormais à la littérature et publie un roman (Un baisé à l’anis chez Florent Massot).

Men’s Health : Que raconte votre livre ?
Tracy Quan : J’ai eu envie de jouer avec le concept du tourisme et des vacances qui sont rares chez les travailleuses sexuelles. Les prostituées n’ont que peu de vacances et du coup quand elles en prennent, celles-ci ont une autre ampleur. C’est une manière de dire qu’elle prend également des vacances dans sa tête. Cela révèle des pensées féminines. Le personnage principal Nancy est une call girl qui n’a jamais quitté jamais New-York car elle est très attachée à cette ville. Elle n’a absolument aucune idée de ce qu’elle va vivre. Le roman est aussi un combat sur l’engagement de chacun et sur les questions que pose la prostitution. J’ai été inspirée en me disant que Tintin serait réincarné en prostituée ce qui est une situation complètement absurde (rires).

Men’s Health : Pourquoi avez-vous décidé de faire évoluer votre personnage ainsi ?
Tracy Quan : J’ai déjà publié deux autres romans avec ce personnage, et j’ai eu le sentiment qu’il était temps de lui faire vivre une aventure hors mariage car c’est un problème de se marier tout en restant une call girl. Je voulais montrer qu’elle évolue avec l’âge et que sa vie change. L’autre raison est que j’aime beaucoup la ville de Sainte-Maxime où j’ai passé beaucoup de bons moments… Pour moi c’est un lieu un peu moins touristique qui n’est pas forcément joli mais très charmant. J’ai toujours voulu en parler.

Men’s Health : Dans quelle mesure les personnages reflètent-ils votre vie ?
Tracy Quan : Nancy et sa meilleure amie discutent constamment. Leurs conflits représentent ma vie. En tant qu’activiste sexuelle je me sens concernée et j’ai aussi toujours tenu à garder une partie de ma vie secrète. Quand aux autres personnages ils reflètent des personnes que j’ai rencontrées mais sans que je n’en ai complètement conscience. Dans la culture américaine on garde ses secrets et fait semblant de tout dire. Je suis très à l’aise avec ça, le tout est de se poser la question de l’honnêteté… (rires).

Men’s Health : En tant qu’ex call girl, que pensez-vous de la prostitution ?
Tracy Quan : Je suis en contact avec une association qui s’appelle Les putes dont je donne d’ailleurs le nom dans le livre. Il y a des années les prostituées françaises ont manifesté ce qui a inspiré les prostituées du monde entier. Cette révolte reste un exemple pour de nombreuses prostituées. Mais on m’a dit que depuis la situation est devenue problématique et qu’il a fallu reconstruire le mouvement. Je trouve très important que qu’elles gardent l’espoir.

Men’s Health : Etes-vous une séductrice ?
Tracy Quan : Tout comme Nancy dans le livre, je préfère être séduite (rires).

Men’s Health : Que pensez-vous des tabous sexuels ?
Tracy Quan : Chacun a des illusions sur les autres cultures. On a parfois l’impression qu’aux USA il faut accumuler les rendez-vous avant de passer à l’acte et pourtant je vous assure qu’il y a beaucoup de rapports sans même un diner préalable. Le mieux est de se renseigner sur les us et coutumes. Il faut comprendre que quelle que soit le pays, quand on créé des barrières autour du sexe ce n’est pas que par pudeur ou pour protéger la société, il y a d’autres raisons inconscientes qui sont aussi faites pour créer des tensions érotiques. Même une prostituée ou une call girl qui a l’habitude de pratiquer régulièrement le sexe essaye de le rendre moins compliquée et mystérieux. La majorité des gens attendent en réalité une relation plus qu’un coup de quelques minutes ! L’excitation est parfois plus excitante que l’action. Plusieurs des personnes avec lesquelles j’ai couché me disaient qu’elles m’embrasseraient lors du prochain rendez-vous. Si le sexe est trop simple, il perd de son intensité. Quand vous êtes une travailleuse du sexe, si vous êtes trop relax, cela devient vite lassant.

Men’s Health : Selon vous quelle est la meilleure manière de faire craquer une femme ?
Tracy Quan : Si vous êtes un bon cuisinier vous pouvez me séduire. Cela peut sembler vieux jeu mais ça marche. C’est finalement très romantique et peut vous donner des idées…

Men’s Health : Vous avez d’autres conseils ?
Tracy Quan : Lors de la première rencontre beaucoup d’hommes vous disent que vous êtes magnifique, ravissante, etc. En réalité ils ne vous connaissent pas donc n’exagérez pas. Cela peut sembler contradictoire mais si chaque femme a besoin de se sentir belle dans les yeux de celui qu’elle peut désirer, attention à ne pas faire en trop. Par ailleurs beaucoup d’hommes se sont fait laver le cerveau par le féminisme en ce qui concerne la séduction. Restez donc naturels et sachez jouer en douceur…

Men’s Health : Et que faut-il ne surtout pas faire ? _ Tracy Quan : Oh mon dieu ! A l’inverse, si vous ne savez pas cuisiner n’essayez surtout pas car vous placeriez la femme dans une situation où elle est obligée de faire croire que vous êtes meilleur que vous ne l’êtes. Il n’y a rien de tel pour la faire fuir car elle aura aussi le sentiment de se transformer en mère.