Julien Quaglierini : le parcours du combattant – Coach Magazine France

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A bientôt 37 ans, Julien Quaglierini est l’un des rares français à avoir décroché une carte Pro IFBB Men’s Physique aux Etats-Unis. Parti vivre son rêve américain depuis plus de six ans, il a du, en décembre dernier, rentrer en France pour se faire opérer d’une hernie discale. Résultat : trois mois cloué au lit d’hôpital. Quelques semaines après, le voilà déjà de retour à la salle, chez lui, à Miami. Récit d’un homme qui ne lâche jamais rien.

Vivre le rêve américain

Quand Julien Quaglierini se lance dans quelque chose, il le fait à fond. Après avoir testé la natation et le karaté jusqu’à la ceinture noire, une rupture des ligaments croisés le force à entamer une rééducation et à se tourner exclusivement vers la musculation. «Alors que ce n’était au début qu’un complément à côté du karaté, je me suis mis à fond dans la musculation, et particulièrement dans le bodybuilding. J’ai donc lié mes études à cette pratique. » Sept ans plus tard, le voilà avec deux masters STAPS, un diplôme de préparateur physique de sportifs de haut niveau passé au CREPS et un brevet d’état HACUMESE (Haltérophilie, Culturisme, Musculation et Education Sportive). Voulant associer la théorie à la pratique, il décide de se lancer dans sa première compétition en 2004. « A l’époque, la fédération s’appelait FFHMFAC et il n’existait que la catégorie Bodybuilding. J’étais crevé parce que je faisais ma préparation en parallèle avec mes études mais je suis tout de même arrivé jusqu’en finale.»

Pour Julien, c’était évident. Un jour il vivrait sa passion en Amérique. « C’était un rêve d’ado. Comme la plupart des jeunes, j’étais à fond sur les films de Schwarzy ou Van Damme et c’était mon rêve de partir aux Etats-Unis pour essayer de faire comme eux. » Pas du genre à se fixer des limites, il commence alors à économiser pour pouvoir partir outre-Atlantique. A 30 ans, après avoir travaillé d’arrache-pied en tant que coach sportif en salle, il peut réaliser son rêve et s’envole pour les Etats-Unis. « Dès que j’ai posé un pied sur le sol Américain, j’ai su que c’était là-bas que je voulais vivre. J’ai eu un déclic et c’est à ce moment que j’ai commencé mon parcours du combattant. »

En effet, si Julien s’est expatrié aux Etats-Unis, ce n’est pas pour faire le touriste, et le Français a un objectif bien précis en tête : décrocher une carte Pro IFBB. Un sésame qui est bien difficile à aller chercher pour un compétiteur qui n’a pas la nationalité américaine. « On m’a expliqué que je devrais gagner cinq Overall (arriver premier d’une compétition toutes catégories confondues) pour pouvoir prétendre obtenir une carte Pro. J’ai donc concouru et concouru encore presque tous les mois pendant deux ans et j’ai fini par décrocher ma carte Pro en 2016 après six Overalls remportés. » S’il ne s’était pas exilé au pays des Ronnie Coleman et Jay Cutler, non seulement Julien n’aurait jamais pu réaliser cet exploit, mais il n’aurait pas vécu sa passion du bodybuilding de manière si intense. « Ici le bodybuilding est vraiment culturel. Rien que pour les petites compétitions locales, c’est plus impressionnant qu’en France : ils passent l’hymne américain au début, il y a tous les sponsors qui ont des stands, c’est une sorte de mini Salon du BodyFitness chaque week-end ! »

Stoppé en plein élan

L’aventure Américaine est une véritable réussite pour Julien Quaglierini. Il réalise ses rêves dans le pays des grands noms du Bodybuilding. Mais on vous l’a dit, il n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Sa carte pro en poche, il ambitionne alors de se qualifier pour Mr Olympia, rien que ça. La plus prestigieuse compétition de Bodybuilding au monde, La Mecque de tous les pratiquants de musculation. Mais quelque chose l’empêche de s’entraîner à fond et de pouvoir se préparer comme il le souhaiterait. Effectivement, depuis l’adolescence il traîne depuis des hernies discales. « A bientôt 37 ans et avec les entraînements poussés, les diètes et les compétitions enchaînées cela a entraîné une déshydratation de mes disques qui étaient déjà bien abîmés et du coup cela me créait des lumbagos à répétition ces dernières années. A tel point que je me retrouvais régulièrement paralysé pendant une semaine. »

Refusant de se faire opérer, il décide cependant d’arrêter les frais en décembre 2017 et se tourne vers une méthode de micro-chirurgie sous scanner qui « aspire l’hernie discale ». « Le médecin m’avait dit qu’en un mois je serai rétabli. Le problème c’est que j’ai eu de graves complications suite à l’opération mais ils ne l’ont pas découvert tout de suite. » Pendant un mois il reste donc cloué au lit, dans l’incapacité de bouger à cause d’un soi-disant oedème post-opératoire. « J’ai expliqué mes symptômes à un ami chirurgien à la clinique du Parc de Montpellier qui m’a tout de suite dit de venir en urgence. » Après examens, il s’avère que Julien avait contracté une maladie nosocomiale, la spondylodscite. « C’est une bactérie qui avait commencé à ronger mes vertèbres et mes disques depuis un mois, d’où cette douleur atroce qui me paralysait. Cela peut venir d’un mauvais nettoyage de la peau suite à l’opération par exemple, mais on ne peut pas en être sûr. » Pour se rétablir, Julien doit alors rester deux mois de plus à l’hôpital, allongé, sous perfusion, à environ 800 calories par jour. Une épreuve « horrible » pour quelqu’un qui s’entraîne quasiment tous les jours depuis 22 ans.

Se battre de nouveau

Trois mois sans s’entraîner, sans même pouvoir bouger de son lit, imaginez un peu la frustration que cela peut procurer à un compétiteur comme Julien. « Au delà de la douleur physique, c’était également très dur mentalement. Heureusement, ma femme était à mes côtés tous les jours pour me soutenir, ma famille est aussi venue me voir. Grâce à eux j’ai pu tenir le coup car quand c’est ta vie et ton boulot qui sont mis entre parenthèse, c’est rapidement très dur ! » A sa sortie de l’hôpital, Julien affiche 20 kilos en moins sur la balance et des années de travail évaporées. Mais encore une fois, il ne compte pas se laisser abattre et reprend l’entraînement en douceur, impatient de se sentir revivre. « J’ai recommencé comme je pouvais, avec des élastiques ou en faisant des dips sur mon déambulateur par exemple. Ca m’avait tellement manqué que je ne pouvais pas faire autrement, c’était plus fort que moi. » A ceux qui crieraient à l’inconscience, Julien explique que la musculation n’est pas la cause de ses problèmes de dos. « Il y a des milliers de personnes qui ont des hernies discales et qui n’ont jamais fait de musculation de leur vie. Moi je sais depuis tout petit que j’ai ces problèmes, et je me suis toujours entraîné en conséquence, je n’ai jamais fait de squat ou de soulevé de terre lourd. Le fait que j’ai une masse musculaire assez importante m’a permis d’avoir un dos solide et de repousser l’opération toutes ces années ».

Aujourd’hui, Julien est de retour à Miami, chez lui, et surtout de retour à la salle. « La première fois que je suis retourné à la salle, c’était un bonheur absolu. J’étais comme un gosse. Quand je suis revenu à Miami, j’ai retrouvé ma salle habituelle où il y a beaucoup de pros qui s’entraînent, ça te donne envie de te surpasser. » S’il peut de nouveau s’entraîner normalement aujourd’hui, le retour à la salle n’a pas été simple. Julien privilégiait les exercices sur machines, et n’utilisait les haltères et les poids qu’en position assise. « J’évite tout ce qui implique des impacts ou des tassements pour mon dos. Pour les jambes, même la presse c’était trop compliqué au début, mais je m’en sors bien avec les fentes ou du leg extension par exemple. Au début je m’entraînais en full-body trois fois par semaine, mais maintenant je suis repassé sur du split classique. » Heureusement, la mémoire musculaire fait son effet et Julien a déjà repris 15 kilos.

Partager pour motiver

Il faudra encore à peu près un an à Julien pour récupérer totalement de son opération et ses complications. Pense-t-il reprendre la compétition une fois à 100% ? « C’est vrai que les gens me parlent de mon rêve d’Olympia mais quand tu as vécu ce que j’ai vécu tu vois d’autres aspects plus importants que la compétition. Ce serait prendre de trop gros risques de concourir pour Olympia pour le moment. Et puis quand je me retourne sur ma carrière, je me dis que j’ai pu réalisé une grande partie de mes rêves, j’ai déjà accompli énormément. Je n’exclus pas de faire une compétition « de retour » pour me faire plaisir mais aujourd’hui l’objectif c’est de profiter de la vie et partager mon expérience. »

Transmettre sa passion et son savoir, c’est ce que fait Julien grâce aux réseaux sociaux et à sa chaîne Youtube ouverte il y a maintenant trois ans. Un passage obligé selon lui pour pouvoir vivre de sa passion, mais au travers duquel il cherche avant tout à motiver les personnes qui le suivent et à les pousser à croire en leurs rêves. « Je montre aux gens que c’est possible, qu’en travaillant énormément et en faisant preuve de beaucoup de volonté, tout le monde peut partir de zéro et y arriver. Si j’en suis moi-même là aujourd’hui c’est grâce à des gens qui m’ont inspiré comme Arnold Schwarzenegger ou quelqu’un comme Gilles Marini, un acteur Français qui a réussi aux Etats-Unis et qui m’avait donné quelques conseils à l’époque. » Ne jamais rien lâcher, c’est donc le mot d’ordre que Julien transmet à sa communauté. Une communauté qui lui rend bien puisque c’est également au travers de ce partage qu’il puise sa motivation. Pendant sa période de repos forcé, Julien continuait de faire des vidéos et d’interagir avec les milliers de personnes qui le suivent. « Je ne voulais pas laisser tomber ma communauté du jour au lendemain. J’ai essayé de tourner tout cela de manière la plus positive possible et j’ai eu beaucoup de messages de soutien mais aussi de personnes dans une situation similaire qui me remerciaient de leur donner l’envie de continuer à y croire et à se battre. Tout ça m’a beaucoup aidé à tenir psychologiquement, ça m’a mis un coup de boost ! » Un juste retour pour celui qui a tout donné à la musculation.

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